Marcheurs à Plouvien
Rencontre avec les marcheurs de Plouvien.
A l’invitation de leurs homologues marcheurs plouviennnois du Bas Léon les dévoreurs de sentiers du Haut Léon, membres du club de la Penzé, se sont rendus ce mardi 15 octobre dans le pays des abers pour une marche conviviale sur les beaux sentiers que bordent des paysages magnifiques.
Nous étions une trentaine de léonards guidés par une quinzaine de marcheurs du cru à nous lancer à l’assaut des sentiers. En groupes, en ligue, en procession, vêtus de tenues bigarrées de la cape aux chevilles, nous avons affronté les caprices de la météo malgré les prières silencieuses à la sainte Thérèse du jour qui est restée insensible à nos doléances. Une dizaine de kilomètres de bonne humeur, marqués par des arrêts pour photographier, pour étancher la soif ou encore pour visiter ce beau village de pêcheurs de Tréglonou qui semblait à peine se réveiller sous cette pluie matinale.
Quant à être mouillés jusqu’aux os, soyons-le aussi de la gorge en sirotant à l’arrivée un apéritif o combien salutaire et mérité !
Aussitôt après, nous attendait dans le restaurant du village,un abondant plat de Kig Ha Farz précédé d’une soupe de légumes et d’un hors d’oeuvre à volonté. Assurément la restauration Plouviennoise n’a rien à envier à l’abondance d’un repas de Gargantua. !
Une digestion s’imposait et pour cela, rebelote pour une marche lente de 3 km afin de visiter une église à la campagne, sous la conduite d’une guide experte qui nous raconta l’histoire, en partie légendaire, enfouie dans les annales de l’an 500, soit 1513 ans avant notre ère ! Que le temps passe n’est-ce pas !
Ainsi , plongés dans les origines de l’Armorique, attentifs à chaque mot de notre guide, nous fut contée l’histoire de Jaoua, ermite né en Angleterre et accompagnant Pol Aurélien sur l’île d’Ouessant. De là, il allait tracer sa voie en pays breton et mourut à Braspart dit-on, le 2 mars 554. La suite c’est la partie légendaire qui tend à accréditer l’idée que la sépulture de l’illustre personnage, devenu évêque, se trouve dans cette église primitive de Plouvien à quelques encablures du centre du village. Jaoua émit le désir d’être attelé à un buffle et là où la bête arrêterait sa course serait le lieu de son ensevelissement. Ainsi tout porte à croire que c’est ici à Plouvien où est bâtie cette église que s’acheva la chevauchée fantastique de cet animal « bufflant » (origine de « Bleuf » ?). Des fouilles faites il y a 120 ans ont permis de découvrir des ossements attribués à Jaoua ; preuve suffisante pour accréditer une conviction et en faire une certitude. D’ailleurs le gisant de Jaoua repose en ce lieu énigmatique.
Dans ce grand parc on découvre aussi une fontaine vertueuse dont l’eau serait le remède idéal pour le soin des ulcères. C’est aussi en ce lieu que les villageois venaient prier lorsqu’ils réclamaient aux divinités célestes la pluie lors des canicules, où du soleil lors des randonnées pédestres. Ce mardi nos amis plouviennois avaient sans doute oublié leurs prières, mais à leur décharge, il faut bien le reconnaître, les superstitions prophétiques ont depuis la nuit des temps abandonné leurs usages.
Le théâtre d’une journée pluvieuse allait se terminer par le théâtre enchanté en langue bretonne dont Léon et son compère Alexis nous régalèrent dans un acte de leur répertoire tiré d’une écriture de Jakez Hélias. Même sans comprendre le breton on pouvait deviner les péripéties comiques qui se produisent quand un malentendant et un muet essaient de communiquer. ! Que de quiproquos déclencheurs de rires !
Mais tout s’achève, même la pluie qui s’était estompée gracieusement en guise de délicatesse. Cette journée commencée vers 10h00 prenait fin vers 17h00. Les Léonards allaient regagner leur haut territoire la tête pleine des péripéties d’une journée réussie, riche en diversités et en amitié. Merci à nos amis marcheurs de Plouvien qui ont su nous recevoir comme des seigneurs, signe qu’une journée pluvieuse peut aussi être heureuse et radieuse.